It was Ginger Beer’s birthday yesterday, and we had some friends over for supper. Meat balls and ratatouille were on the menu, so in the morning I went on my daily shopping spree.
Buying anything in Khartoum requires adaptability skills. Very few people can manage good English here – the majority only speaks Sudanese Arabic, a colloquial dialect of the modern standard Arabic you would find in Syria, Lebanon or Jordan. When I first arrived, I took a 2-month course in the latter, which proved very helpful to learn how to read and write and at least gave me the satisfaction of knowing more than Ginger Beer. Fortunately visiting your local store puts you back in place rapidly.
It was only as I walked through the door of our local butcher for the first time that I realized my mission would be a difficult one: I didn’t know how to say beef or lamb, and chicken – zujaja – was nowhere to be found. And I honestly don’t know what scared me the most: asking for meat, or watching a 6.5-foot-tall and severe-looking man cutting chops with a hatchet on a tree trunk casually placed in the middle of the store.
So why the following happened, I really cannot tell. As the man turned around, the hatchet still in his hand and his apron covered in blood, and as he threw me a look of disapproval saying “Na’m? – Yes?”, my mind suddenly went blank. Pointing the fingers from my head in his direction, all I could mumble was: “Erm… arrh… ‘urrid’ – I would like – erm… moooooooooh?”. Hatchet man was NOT amused. He gave me the sternest look and I could swear I saw him tap his tool impatiently in his hand. Thankfully, one of his apprentices who was almost wetting himself laughing at the scene, came up to his boss and explained that I didn’t have mad-cow disease but just wanted some beef – bakara, duh! I left the shop and never went back.
Lessons learnt (in no particular order):
1. take a crash course in Sudanese Arabic urgently
2. don’t play jokes with the man with a hatchet
3. thank God pork is not allowed around here
Tuesday, June 10, 2008
Tuesday, June 3, 2008
Les derviches tourneurs
Il est près de 18h lorsque que nous approchons du tombeau et la température avoisine encore les 40 degrés. Quelque chose me frôle la jambe et je me retourne pour apercevoir une femme recroquevillée par terre, qui me regarde et me sourit. Elle est complètement difforme, plusieurs membres lui manquent et j’imagine qu’elle doit être atteinte de polio. Autour d’elle, des enfants se bousculent. En portant son pied à la bouche, elle parvient à imiter un son de sirène de pompiers qui les amuse beaucoup. Elle s’amuse de les voir rire et feint de les poursuivre en rampant. Un homme l’interpelle et lui fait signe de s’éloigner du cercle afin de ne pas importuner les derviches.
Extase religieuse
Les derviches, littéralement « les mendiants », sont des religieux du soufisme, un ordre spirituel issu de l’Islam. En Turquie, ils sont particulièrement connus pour leur danse-toupie pratiquée pour atteindre l’extase religieuse. Mais à Khartoum, ils constituent la principale (voire l’unique) attraction de la ville.
Comme chaque vendredi soir au coucher du soleil, plusieurs centaines de personnes se rassemblent à Omdurman, banlieue ouest de Khartoum, et forment un cercle devant la mosquée du cimetière pour observer les derviches tourneurs. Cette cérémonie, bien que religieuse, attire aussi bien soudanais que touristes intrigués. L’ambiance est participative : au premier rang, des hommes pieds nus vêtus de djellabas et turbans blancs se pressent coude- à -coude pour participer à la célébration. Chacun essaie tant bien que mal de bouger au rythme des tams-tams et d’oublier la sueur qui coule de son front.
La face embuée
Devant eux des « chauffeurs de salle » vêtus de tuniques vertes pour la plupart et de chapeaux de lutins arpentent les rangs en brandissant leur bâton ou claquant leur fouet, encourageant les fideles à chanter en cadence : Allah Ya-he ! – Dieu est vivant ! De temps à autre, un homme circule et agite de l’encens. Il s’arrête quelques secondes à notre niveau, et sans prévenir tend le bras et agite son calice sous notre nez. Nice, nice ? – c’est bien ? – nous dit-il en souriant, avant de poursuivre son chemin satisfait, laissant derrière lui des têtes embuées.
L’excitation est palpable, mais c’est au centre du cercle que la tension est à son comble. Tournant, dansant, s’élançant sur un pied et se rattrapant sur l’autre, les derviches virevoltent sur eux-mêmes pendant plusieurs minutes sans interruption avant d’entrer dans une semi-transe ou de perdre l’équilibre et s’effondrer sur le sol.
Le petit tricheur...
L’un d’entre eux m’intrigue. Il tourne littéralement depuis notre arrivée, soit il y a plus de 40 minutes, affichant un sourire radieux sans se lasser. Dans ses poches, on distingue des sortes de boites d’allumettes qui donnent de l’ampleur à sa tunique chaque fois qu’il tourne. Ce faisant, le pauvre bougre a signé son arrêt de mort : tourbillonner gracieusement pendant des heures ou s’afficher aux yeux de tous en sac à patates.
Le ton monte progressivement. Les tams-tams donnent la cadence, le rythme est lent et monotone tout d’abord, puis accélère pour finir en une apothéose effrénée. Malgré tout, on a davantage l’impression d’assister à une rencontre sociale qu’une expérience spirituelle.
Tamam
Une fois la cérémonie terminée à la tombée de la nuit, c’est l’heure des retrouvailles et des salutations. Kwayis ? – comment va ? Tamam ? - bien ? Bekhayr, allamdullilah – ca va bien, grâce a Dieu. Les mains claquent et se retiennent, les poitrines s’entrechoquent le temps d’une accolade. Nous nous éloignons discrètement pour laisser la place à une centaine de personnes qui viennent de s’agenouiller dans notre direction pour la prière du soir, et après avoir trouvé des tabourets bas en plastique, nous prenons un thé à la cannelle en savourant le petit air frais qui vient de se lever (juste une trentaine de degrés…) et en bavardant avec quelques étudiants soudanais à qui leurs professeurs de langues ont recommandé d’aborder les touristes pour pratiquer l’anglais.
La nuit s’installe. Les odeurs de viande grillée commencent à émaner des étalages et les vendeurs de livres religieux replient leurs bâches recouvertes de poussière. Sans nous presser, nous regagnons la voiture, tandis qu’au loin résonne le bruit d’une étrange sirène de pompiers et d’enfants qui rigolent.
Extase religieuse
Les derviches, littéralement « les mendiants », sont des religieux du soufisme, un ordre spirituel issu de l’Islam. En Turquie, ils sont particulièrement connus pour leur danse-toupie pratiquée pour atteindre l’extase religieuse. Mais à Khartoum, ils constituent la principale (voire l’unique) attraction de la ville.
Comme chaque vendredi soir au coucher du soleil, plusieurs centaines de personnes se rassemblent à Omdurman, banlieue ouest de Khartoum, et forment un cercle devant la mosquée du cimetière pour observer les derviches tourneurs. Cette cérémonie, bien que religieuse, attire aussi bien soudanais que touristes intrigués. L’ambiance est participative : au premier rang, des hommes pieds nus vêtus de djellabas et turbans blancs se pressent coude- à -coude pour participer à la célébration. Chacun essaie tant bien que mal de bouger au rythme des tams-tams et d’oublier la sueur qui coule de son front.
La face embuée
Devant eux des « chauffeurs de salle » vêtus de tuniques vertes pour la plupart et de chapeaux de lutins arpentent les rangs en brandissant leur bâton ou claquant leur fouet, encourageant les fideles à chanter en cadence : Allah Ya-he ! – Dieu est vivant ! De temps à autre, un homme circule et agite de l’encens. Il s’arrête quelques secondes à notre niveau, et sans prévenir tend le bras et agite son calice sous notre nez. Nice, nice ? – c’est bien ? – nous dit-il en souriant, avant de poursuivre son chemin satisfait, laissant derrière lui des têtes embuées.
L’excitation est palpable, mais c’est au centre du cercle que la tension est à son comble. Tournant, dansant, s’élançant sur un pied et se rattrapant sur l’autre, les derviches virevoltent sur eux-mêmes pendant plusieurs minutes sans interruption avant d’entrer dans une semi-transe ou de perdre l’équilibre et s’effondrer sur le sol.
Le petit tricheur...
L’un d’entre eux m’intrigue. Il tourne littéralement depuis notre arrivée, soit il y a plus de 40 minutes, affichant un sourire radieux sans se lasser. Dans ses poches, on distingue des sortes de boites d’allumettes qui donnent de l’ampleur à sa tunique chaque fois qu’il tourne. Ce faisant, le pauvre bougre a signé son arrêt de mort : tourbillonner gracieusement pendant des heures ou s’afficher aux yeux de tous en sac à patates.
Le ton monte progressivement. Les tams-tams donnent la cadence, le rythme est lent et monotone tout d’abord, puis accélère pour finir en une apothéose effrénée. Malgré tout, on a davantage l’impression d’assister à une rencontre sociale qu’une expérience spirituelle.
Tamam
Une fois la cérémonie terminée à la tombée de la nuit, c’est l’heure des retrouvailles et des salutations. Kwayis ? – comment va ? Tamam ? - bien ? Bekhayr, allamdullilah – ca va bien, grâce a Dieu. Les mains claquent et se retiennent, les poitrines s’entrechoquent le temps d’une accolade. Nous nous éloignons discrètement pour laisser la place à une centaine de personnes qui viennent de s’agenouiller dans notre direction pour la prière du soir, et après avoir trouvé des tabourets bas en plastique, nous prenons un thé à la cannelle en savourant le petit air frais qui vient de se lever (juste une trentaine de degrés…) et en bavardant avec quelques étudiants soudanais à qui leurs professeurs de langues ont recommandé d’aborder les touristes pour pratiquer l’anglais.
La nuit s’installe. Les odeurs de viande grillée commencent à émaner des étalages et les vendeurs de livres religieux replient leurs bâches recouvertes de poussière. Sans nous presser, nous regagnons la voiture, tandis qu’au loin résonne le bruit d’une étrange sirène de pompiers et d’enfants qui rigolent.
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